Une maman fait un bisou à sa fille
SOCIÉTÉ

La complexité de la relation mère-enfant

Avant de devenir une super maman, tu as lu tout ce qui traitait de ce thème, tu as bien suivi les cours de préparation à l’accouchement et visionné cent fois les conférences sur la maternité. Pourtant, tu te retrouves soudainement démunie face à la complexité des émotions ressenties à l’arrivée de ton bébé. Tu ne comprends plus rien à cette tornade de sentiments équivoques. Que se passe-t-il ? Nous te proposons d’explorer ce sujet qui va sans doute trouver un écho en toi. 

L’ambivalence maternelle : qu’est-ce que c’est ? D’où ça vient ? L’attachement d’une mère envers son enfant est un lien délicat à comprendre. C’est pour cette raison que tu trouveras toutes les informations nécessaires pour la vivre au mieux en parcourant cet article. 

 

Un article rédigé par Violaine Lévêque

 

 

Définition de l’ambivalence dans la relation mère-enfant

 

L’ambivalence est la tendance à ressentir et exprimer de manière simultanée deux sentiments opposés par rapport à une même chose.

Dans ton cas, nouvelle maman, tu découvres que face à ton enfant, tu éprouves des émotions incompréhensibles. Tu peux connaître un sentiment d’amour infini puis une sensation subite de découragement face aux comportements de ton bébé. Tout ça dans un laps de temps très court ou sur une durée plus longue.

Ce sentiment fait partie de ta construction de mères et se trouve être déstabilisant. L’ambiguïté peut apparaître dès la grossesse, car tu es souvent partagée entre le bonheur de créer la vie et les inquiétudes permanentes au niveau du développement de ton bébé.

Tu peux également être dans cette émotion équivoque si tu as entendu parler « d’instinct maternel » ou de « reconnaissance fusionnelle » envers ton enfant et que tu ne ressens rien lors de son arrivée.  

Sache que si tu n’éprouves pas d’attachement immédiat, cela ne signifie en aucun cas que tu es une mauvaise mère. C’est un lien difficile à appréhender, car il va au-delà des simples émotions. Il jette le parent hors de sa sphère habituelle, car tout est à découvrir et à construire.

L’amour maternel n’a pas qu’une seule définition et possède une palette très riche de sentiments et de nuances associées. Ce lien équivoque n’est qu’une autre facette de ta nouvelle maternité et rassure-toi, c’est tout à fait normal. La nouvelle maman se voit projeter hors de ses idéaux et de ses fantasmes et ne doit pas se laisser submerger par ce bouleversement émotionnel.

 

« Si vous voulez décrire un bébé, vous vous apercevrez que vous décrivez un bébé et quelqu’un d’autre. Un bébé ne peut pas exister tout seul, il fait essentiellement partie d’une relation »

Donald Winnicott

 

 

 

Attachement mère et enfant : histoire et concept

L’amour maternel : rappel historique

L’ambivalence maternelle ne pourrait pas être sans que l’amour entre une mère et son enfant existe.

Mais cela n’en a pas toujours été ainsi au cours des siècles. 

Les démonstrations d’attachement des parents envers leurs progénitures étaient très inégales suivant les périodes et les classes sociales. 

Ces manifestations répondaient également à une norme sociétale et des coutumes inhérentes à l’époque. La manière d’éduquer, d’élever et d’aimer les enfants ne ressemblait en rien à ce que nous pratiquons aujourd’hui.

La notion « d’amour maternel » est apparue sous la plume de l’écrivain Jean-Jacques Rousseau au XVIIIe siècle. Auparavant, l’enfant n’était pas considéré comme une personne à part entière et n’avait aucun statut juridique. Le taux de mortalité infantile était important et la pédiatrie n’existait pas.

Par ailleurs, le recours aux nourrices jusqu’aux 5 ou 6 ans de l’enfant était une pratique courante. Cela permettait aux femmes de poursuivre leurs activités ou leur travail sans devoir s’arrêter pour s’occuper d’un nourrisson.

Grâce à la reconnaissance officielle du concept « d’amour maternel » mis en avant par l’écrivain, l’État s’aperçoit que l’enfant est une source de profits très intéressante :

  • le métier de nourrice est réglementé à partir de 1715 ;
  • le statut juridique et social de la génitrice et de l’enfant évolue ;
  • les familles nombreuses sont dispensées d’impôts. 

Il aura donc fallu attendre jusqu’au XVIIIe siècle pour que le statut de l’enfant soit revu, que les conditions de traitement soient modifiées et que le lien entre une mère et sa progéniture fasse son apparition en société.

 

 

 

Théorie de l’attachement : mieux comprendre la complexité de la relation maman-enfant

Nous ne pouvons pas parler de cette ambivalence sans évoquer la théorie de l’attachement dans le développement de l’enfant.

La théorie de l’attachement est un domaine de la psychologie qui désigne un aspect particulier des relations entre êtres humains. Le fondement de cette théorie repose sur le principe suivant : l’enfant ou le nourrisson a besoin de nouer une relation d’attachement avec au moins une personne de son entourage pour apprendre à évoluer socialement et émotionnellement.

Ce postulat a été développé à travers les travaux de Winnicott, Konrad, Lorenz et Harry Harlow, puis formalisé officiellement par John Bowlby en 1958.

En se basant sur cette théorie, l’attachement se trouve donc au cœur de l’évolution psychologique de l’enfant et la mère se pose en figure essentielle de la dyade.

Note : dyade est un terme désignant l’ensemble de deux éléments. Ici, la maman et l’enfant.

 

Une maman et sa fille se font un bisou

 

 

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L’ambivalence du rapport mère-enfant dans la société moderne

 

Dans notre société actuelle, la position de la mère est profondément complexe.

Nous sommes beaucoup à planifier notre vie d’une manière traditionnelle : rencontrer un ou une partenaire, s’unir pour la vie et fonder une famille.

Sachant que la société moderne dans laquelle nous évoluons prône ces étapes comme indispensables à notre épanouissement de femme, qu’en est-il des conséquences une fois que l’ambivalence maternelle pointe le bout de son nez ?

La différence entre ce qui est attendu et la réalité quotidienne avec un nourrisson peut déclencher un choc difficile à digérer.

Que notre envie d’enfant relève d’un besoin physique de maternage ou d’un désir psychologique, d’une envie d’éduquer et d’accompagner l’évolution de son enfant, chaque désir est légitime. C’est la confrontation entre fantasme et réalité qui fait surgir cette ambiguïté dans la relation.

Tu veux aller plus loin dans le monde de la parentalité ? Consulte l’article sur la gestion des émotions chez l’enfant : 6 livres éducatifs.

 

 

 

Alors qu’est-ce que l’ambivalence maternelle ? Il est acquis que sans attachement à la mère, cette notion n’existerait pas. De plus, cette tendance est partagée par de nombreuses mères, qui grâce à cette ambiguïté, brise les certitudes maternelles en combinant hésitation et engagement. En définitive, cette connexion entre une maman et son enfant n’a pas fini d’être étudiée, analysée et éprouvée.

Et toi ? As-tu déjà eu conscience de cette ambivalence ?

 

Crédit photos : Pixabay