Réussir sa famille recomposée homoparentale
SOCIÉTÉ

Une famille recomposée LGBTQIA+ qui fonctionne : comment y parvenir ?

Tu connais l’adage : on ne choisit pas sa famille ? Je peux t’assurer que l’on choisit encore moins de créer un foyer recomposé ! Et quand il s’agit d’homoparentalité, trouver sa place dans une famille LGBT peut vite devenir difficile ! Que ta précédente union soit hétérosexuelle ou homosexuelle, réussir sa famille recomposée homoparentale nécessite une certaine organisation. Dans cet article, je vais te dévoiler le secret pour une tribu et un couple heureux et sans conflit. C’est parti pour découvrir toutes les étapes d’une famille recomposée LGBTQIA+ qui fonctionne !

 

Un article rédigé par Aurélie Bertrandy

 

L’arrivée du nouveau partenaire au sein de la famille recomposée homosexuelle

 

Le contexte du couple homosexuel et du parent social

Avant de penser à l’arrivée du nouveau conjoint ou de la nouvelle conjointe, il faut se pencher sur l’histoire de la famille homoparentale. Aux yeux de la loi, seul le géniteur existe :

  • la mère qui a porté l’enfant dans le cadre de la PMA ;
  • le père biologique de l’enfant dans le cadre d’une GPA.

Le parent social, quant à lui, même s’il a pleinement participé à ce projet de famille, n’a aucune existence légale. Ainsi celui-ci n’a aucun droit ou devoir sur l’enfant. Il n’est pas, non plus, titulaire de l’autorité parentale, à moins de lancer une procédure d’adoption. Tu imagines bien le problème en cas de décès du géniteur ou de séparation ! 

Si l’enfant a pu être adopté par le parent social, ou si le couple garde de bons rapports, un droit de garde sera établi. Il permettra à l’enfant de bénéficier d’un cadre et de se construire de nouveaux repères. L’arrivée du nouveau partenaire sera ainsi similaire à toutes les familles séparées. 

 

 

Le cas de l’homosexualité après une relation hétérosexuelle

Tu as des enfants d’une précédente union hétérosexuelle ? Ta nouvelle relation est homosexuelle ? La seule ligne de conduite à privilégier est bien la communication. En effet, l’enfant va être confronté à plusieurs chamboulements :

  • la séparation de ses parents ;
  • la perte de ses repères ;
  • la découverte de l’homosexualité d’un de ses parents ;
  • la création d’une famille recomposée hors-norme.

Si dans Harry Potter, sortir du placard (sous l’escalier) pour devenir sorcier c’est sympa, en sortir pour dévoiler son homosexualité est nettement plus compliqué ! Ainsi l’enfant va devoir dire adieu à un quotidien hétéronormé. Il va découvrir que les gens vont se permettre d’émettre des avis et des doutes sur sa famille recomposée. C’est impératif de prendre le temps de répondre à ses interrogations et de le rassurer. C’est certain, il va gagner en ouverture d’esprit et en indépendance !

 

 

La conduite à tenir pour une arrivée réussie 

Comme tu vois, aucune situation n’est idéale, exactement comme au sein d’un couple hétéro ! Il y a fort à parier que le nouveau partenaire soit vu comme un intrus. Sans parler du rejet qu’il subira en cas de tentative de discipline un peu trop zélée !

Quel que soit l’âge de l’enfant, créer un lien avec un adulte demande du temps, d’autant plus lorsqu’il s’agit du nouveau conjoint de son parent.

C’est là que la communication va prendre toute son importance. Avant d’imposer le nouveau partenaire à la maison à plein temps, il faudra en parler à son enfant :

  • Qu’en pense-t-il ?
  • Quelles sont ses inquiétudes ?
  • A-t-il peur ? De quoi ?

Autant de questions qui permettront d’aborder avec lui les changements familiaux à venir. Plus il aura été entendu et rassuré, mieux il sera disposé à participer à la première rencontre.

Celle-ci doit être officielle et assumée. Le choix des circonstances est important. Le lieu, la durée, doit mettre tout le monde à l’aise pour permettre à l’enfant de s’investir dans cette nouvelle relation. Il faudra présenter le nouveau partenaire comme un(e) ami(e) et éviter de questionner l’enfant sur sa première impression. Attention aux gestes d’intimité qui peuvent être mal perçus. Même si tu es pressé(e) de vivre ta nouvelle love story, de ta patience va découler bon nombre d’années de sérénité. Je te garantis que ça vaut le coup d’attendre !

 

➤ Lire aussi : Les clichés des jouets genrés a-t-il un impact sur la future orientation sexuelle des enfants ? 

 

Les étapes pour une famille recomposée LGBT qui fonctionne

 

 

La place du beau-parent pour une famille recomposée LGBTQIA+ qui fonctionne

 

Le rôle d’un second « parent » de même sexe

C’est le moment d’annoncer la bonne nouvelle ! Selon une étude réalisée en 2000 par Singly et Descoutures, le second « parent » de même sexe n’est pas perçu comme se substituant à celui de l’autre sexe. Ainsi, dans une famille recomposée LGBT, il n’y aura aucune ambiguïté autour du rôle du beau-parent. Par exemple, la nouvelle compagne de la mère bénéficiera d’une plus grande flexibilité dans sa manière de se joindre à la famille. Elle sera acceptée plus facilement comme un membre additionnel. Elle n’a pas de rôle socialement défini, ce qui lui permettra d’adopter le rythme de l’enfant. Elle pourra ainsi devenir une seconde mère, une grande sœur ou une amie très proche.

 

 

La réalité pour tous les beaux-parents

Ce n’est un secret pour personne, pour réussir son intégration de beau-parent, un soutien sans faille de sa moitié est indispensable ! Il faut aider son partenaire à trouver sa place en le responsabilisant aux yeux des enfants. Il doit se sentir épauler et libre de proposer des initiatives en matière de vie familiale. Accepter d’intégrer une tribu recomposée, c’est un engagement auprès de son partenaire et de sa progéniture. Il est important de ne pas rester simple spectateur de la vie du foyer en attendant de profiter du couple. Être beau-parent c’est accepter un rôle éducatif et un devoir d’autorité, de protection et d’affection. Il ne s’agit pas de se substituer aux parents biologiques, mais d’offrir à l’enfant une nouvelle aide pour se construire dans la vie.

 

 

La gestion des conflits pour réussir sa famille recomposée homoparentale

L’autorité du nouveau partenaire

Tout ceci est bien beau, mais le monde des bisounours n’existe pas. Il faut aussi avouer que la tentation est grande pour l’enfant de profiter légèrement de la situation. Pour lui, son parent lui appartient totalement ! Il a déjà fait l’effort de le partager à contrecœur avec sa fratrie. Il faudrait en plus le partager avec le nouveau partenaire. Bien sûr que l’enfant doit sentir qu’il garde un lien privilégié avec son géniteur. Mais ça ne lui donne pas tous les droits et il doit bien admettre l’autorité de son second « parent ». Là, il n’y a pas le choix, il faut légitimer son nouveau partenaire :

  • « Oui, Lucie a raison, tu dois faire tes devoirs maintenant. »
  • « Non, tu ne peux pas sortir ce weekend, je suis d’accord avec Lilian. »

L’idéal serait également d’éviter de se plaindre à son conjoint. Cela renforce l’hostilité de l’enfant, tout en plaçant le parent dans la position inconfortable de l’arbitre.

 

 

L’adaptation à la nouvelle orientation d’un parent

Dans les familles recomposées LGBTQIA+ suite à une relation hétérosexuelle, il y a une particularité ! Le parent qui découvre ou dévoile son orientation sexuelle après avoir eu des enfants doit bien faire son coming out. Celui-ci a lieu dans un contexte déjà stressant de rupture, ce qui peut occasionner des tensions supplémentaires. Affirmer son orientation sexuelle, tout en gérant une recomposition familiale, va demander patience et communication.

Attention à si ce changement s’opère à l’adolescence d’un des enfants. À cet âge, ils ont un grand désir de conformité sociale. La pression et l’incompréhension de ses amis peuvent engendrer des difficultés d’adaptation à l’homosexualité des parents. Là encore, il faudra prendre le temps d’expliquer et de répondre à toutes ses interrogations. 

 

➤ Lire aussi : Comment aider son enfant à comprendre et gérer ses émotions

 

 

Les conséquences de l’homoparentalité sur les relations avec l’ex

Le lien du cœur dans la famille homoparentale

Si l’adoption n’a pas été faite, le géniteur peut tout à fait rayer le parent social de la vie de l’enfant. C’est insoutenable, mais la non-reconnaissance du statut de parent dans le couple homosexuel permet ce genre de dérives. Le bien-être de l’enfant doit passer avant l’orgueil et la rancœur d’un ex. Cela ne sera possible que si le couple originel a su régler ses conflits. 

 

 

L’ex-conjoint homophobe

Il arrive que le conflit menant à la séparation du couple hétérosexuel soit lié au dévoilement de l’homosexualité du partenaire. Il n’est pas rare que l’ex-conjoint n’accepte pas du tout cette orientation et renforce son homophobie. À ce moment-là, il refusera toute entente à l’amiable, toute possibilité de dialogue et de solution. Il inclura sa progéniture dans ce climat de discorde, au détriment de toute relation civilisée. L’enfant sera pris dans un conflit de loyauté, risquant ainsi de s’interdire toute relation avec son beau-parent pour ne pas trahir son père ou sa mère. Il est primordial de se comporter en adulte et d’admettre que chacun a sa place dans l’éducation de l’enfant.

 

Réussir sa famille recomposée homoparentale n’est pas toujours simple. Mais avec de la communication et du temps, tout va bien se passer ! L’essentiel étant de respecter le rythme de chacun des membres de cette nouvelle famille. Avec de la bienveillance et beaucoup d’amour, tu vas voir que le jeu en vaut vraiment la peine ! Homoparentale, traditionnelle, recomposée, chaque famille a sa propre richesse. Les enfants ne peuvent que s’épanouir s’ils se sentent bien accompagnés et soutenus. N’hésite pas à partager ton expérience ou tes doutes en commentaires !

 

 

Crédits photos : Burst | Pixabay