Jouets du sexe opposé : dois-je m’inquiéter si mon fils joue à la poupée ou ma fille aux petites voitures ?
Aujourd’hui, vous avez surpris votre petit garçon jouant aux barbies à moins que ce ne soit votre petite fille qui jouait aux petites voitures. Comme si vous n’aviez pas déjà assez d’inquiétudes concernant votre chérubin, ce nouveau comportement vous amène à vous poser quelques questions. « Mon enfant s’amuse avec les jouets du sexe opposé, c’est grave docteur ? Pourquoi mon enfant ne joue-t-il pas avec ses jouets ? Est-ce normal qu’il se comporte comme ça ? Mon enfant est-il homosexuel ? Qu’ai-je donc raté dans son éducation pour qu’il se comporte ainsi ? »
Un article rédigé par Cassandra Leclerc
Jouets genrés : pourquoi mon enfant joue-t-il avec les jouets du sexe opposé et faut-il s’en inquiéter ?
La réponse est non, vous n’avez pas d’inquiétude à avoir. S’amuser avec des jouets de fille pour un garçon et des jouets de garçon pour une fille est tout à fait normal et même fréquent. Cette attitude n’a donc rien de significatif et il ne s’agit pas non plus d’un simple caprice.
Mais alors, pourquoi mon enfant se comporte-t-il ainsi ?
Les raisons expliquant ce type de comportement sont nombreuses, et non, aucune n’implique l’orientation sexuelle de votre bambin. Jouet de fille ou jouet de garçon, les préférences de votre enfant ne signifient en rien qu’il deviendra homosexuel. Cet aspect de la sexualité n’émerge qu’à l’adolescence, autrement dit, vous avez encore un peu de temps. Ne remettez pas non plus en question toute l’éducation de votre enfant. Les raisons de son comportement sont beaucoup plus simples, et surtout, beaucoup plus naturelles que vous ne l’imaginez.
Raison n° 1 : mon enfant grandit entouré d’enfants du sexe opposé
Que vous ayez d’autres enfants ou non, votre fils ou votre fille grandit entouré(e) des enfants des autres. À la maison (si vous avez d’autres enfants), à l’école ou à la crèche, l’environnement de votre chérubin comprend des enfants de sexe opposé. Ces enfants peuvent avoir une influence sur le vôtre et vice-versa. Cela signifie-t-il que je dois empêcher mon fils de s’amuser avec les filles et ma fille de jouer avec les garçons ? Bien sûr que non, ce serait même néfaste pour son développement.
Prenons l’exemple d’un garçon grandissant entouré de sœurs. Étant le seul enfant de sexe masculin, il pourra rechercher la compagnie de ses sœurs en prenant part à leurs jeux. Jeu de la dinette ou jeu de rôle avec le classique « papa, maman » seront alors partie intégrante de son quotidien. Une telle attitude traduit un besoin d’intégration et de compagnie. Il ne faudra donc pas s’inquiéter si votre fils s’habille en princesse ou si votre fille se déguise en superhéros dans le cas inverse.
Raison n° 2 : la personnalité de mon enfant joue un rôle dans ses préférences de jeu
Les garçons sont plus souvent attirés vers les jeux d’action et les filles vers ceux plus calmes ou nécessitant de prendre soin des autres. Toutefois, il ne s’agit pas d’une vérité absolue. Calme ou énergique, c’est finalement la personnalité de votre enfant qui influencera le choix de l’activité à laquelle il prendra part.
Un petit garçon plus posé que ses camarades masculins aura tendance à préférer la compagnie des filles qui sont généralement plus douces et pondérées. Jouer à la poupée avec elles sera donc tout à fait normal s’il veut être en leur compagnie et l’inverse est aussi vrai. Certaines filles, plus énergiques, vont rechercher la compagnie des garçons et préféreront jouer à la bagarre ou avec des figurines de superhéros.
Cette attitude ne doit donc pas être stigmatisée. N’oublions pas que chaque enfant, tout comme chaque adulte, est différent.
Raison n° 3 : le complexe d’Œdipe peut influencer votre enfant dans le choix de ses jouets
Le développement et la croissance d’un enfant impliquent un certain nombre de phases. Celle du complexe d’Œdipe ne fait pas exception.
Avant 3 ans, les bébés jouent indifféremment avec leurs jeux. Les jouets d’éveils sont par ailleurs bien souvent sans genre. L’identification sexuée se construit entre 2 et 4 ans et il est donc normal qu’ils veuillent explorer le monde du sexe opposé pendant cette période. Passé cet âge, vos tout-petits découvrent qu’il existe deux sexes différents et distincts. Ils imiteront alors leur maman ou leur papa pour chercher à les séduire (cf. le complexe d’Œdipe). Une petite fille s’occupera de son baigneur « comme maman » et un petit garçon « bricolera » ou jouera aux voitures « comme papa ». C’est un moyen pour eux d’affirmer leur identité.
Et si mon enfant fait l’inverse ? Certains enfants manquant de confiance en eux ou comprenant les interdits de l’inceste préféreront faire le contraire. Ils s’identifieront et se comporteront alors comme une personne du sexe opposé. Ce comportement est une manière de se protéger et de ne pas entrer dans la « séduction » du parent de sexe masculin ou féminin. Notez que cette période est transitoire et qu’elle se prolonge jusqu’à la résolution du complexe d’Œdipe.
Raison n° 4 : les stéréotypes de la société influencent directement ou indirectement la façon de jouer de votre enfant
À partir de 3-4 ans, les jouets de vos tout-petits évoluent. Fini les jeux non sexués et bonjour les jeux genrés, et surtout, stéréotypés.
Magasins de jouets, catalogues de Noël et autres publicités catégorisent les jouets, vous assommant vous et vos enfants d’idées préconçues sur l’usage du jeu.
Bleu pour les garçons, rose pour les filles. Cette idée est tellement ancrée dans la société actuelle que, machinalement, elle l’est aussi en vous. Vous influencez donc à votre tour votre enfant, et, si jamais il s’égare du côté du sexe opposé, vous paniquez.
Mais, qui a décidé que les poupées étaient pour les filles et les voitures pour les garçons ? En dehors de la société, personne. Pourtant, ces stéréotypes qu’elle vous a inculqués, vous les transmettez à votre enfant. Ils sont par ailleurs renforcés par le marketing à travers les catalogues de jouets, la publicité et l’agencement des rayons dans les magasins. Influencé de toutes parts, votre enfant fait alors ce qu’on attend de lui en jouant avec les jouets spécifiques à son sexe. En revanche, s’il fait l’inverse, vous pensez alors automatiquement que votre chérubin a un problème.
Essayez de voir les choses autrement. N’avez-vous pas été enfant vous aussi ? La puissance de l’imagination d’un enfant dépasse celle d’un adulte qui, bien souvent, ne voit plus que la réalité. Pourtant, une simple peluche peut être une personne avec qui boire le thé ou un monstre qu’il faut terrasser dans l’imagination de vos bambins.
Le jouet qui est utilisé n’a donc aucune valeur prédictive concernant l’orientation sexuelle tout comme il ne l’influence pas. La seule chose qui vous amène à vous inquiéter, ce sont les idées préconçues que la société vous répète sans cesse.
Raison n° 5 : votre enfant n’est pas un mouton et il ne se sent pas concerné par les « cases » de la société
Les fabricants de jouets utilisent les stéréotypes pour vendre. Qui n’a jamais vu un jeu unisexe rendu bleu ou rose juste pour vendre plus ? Aider votre enfant à comprendre sa différence est important, mais lui imposer les stéréotypes de la société en revanche ne fait que le brider.
Le sexisme ne devrait pas avoir sa place quand il s’agit de choisir les jouets de votre bambin. C’est uniquement sa demande qui doit être au centre de vos préoccupations. Les choix de votre chérubin pourront peut-être vous déconcerter, mais lui laisser la liberté de choisir, c’est l’aider à se construire et à s’affirmer. Qui plus est, sachez que les choses évoluent.
Pour preuve, il existe désormais des poupons pour garçons. Certains jeux sont aussi unisexes avec, par exemple, les jeux sportifs, éducatifs, de construction, de réflexion, scientifiques, etc. Ces jeux sont idéaux pour aider votre enfant à grandir et conviennent autant aux filles qu’aux garçons.
Comment réagir quand votre fils préfère les jouets de fille et votre fille les jouets de garçons ?
Li-be-rté. Il est important de laisser votre enfant faire ses choix et de le laisser s’amuser comme il l’entend. Le joujou préféré de votre chérubin doit rester un choix qui lui est propre et vous ne devez pas chercher à lui en faire changer. En plus d’être nécessaire au développement de son identité, s’amuser avec les jouets qu’il souhaite peut l’aider à forger sa confiance en lui.
En effet, quel message passeriez-vous à votre petit garçon en l’empêchant de jouer avec une poupée ? Votre interdiction lui ferait comprendre qu’il n’est pas capable de s’occuper de quelqu’un d’autre même s’il s’agit d’un poupon en plastique. Et quant à votre petite fille ? Ne serait-ce pas lui induire le message qu’elle n’ait aucune habileté ou aucune capacité de réflexion que de l’empêcher de manipuler ce jeu de construction ?
Toujours pas rassuré ? Interrogez-vous. Quelles raisons vous poussent encore à vous inquiéter ? Le comportement de votre enfant réveille-t-il en vous une humiliation de l’enfance ? Avez-vous eu un jour des doutes sur votre orientation sexuelle ? Avez-vous une image trop idéalisée de l’enfant « parfait » ? À moins que le regard des autres ne vous fasse peur et que vous souhaitiez protéger votre enfant.
Vouloir protéger son enfant du monde est normal, mais cela ne doit pas se faire au détriment de son bien-être et de son développement. Vous ne pouvez pas contrôler les réactions du reste du monde. En revanche, vous pouvez contrôler les vôtres. Le plus important si vous agissez est de ne pas vous opposer à votre enfant de façon directe. Soyez doux et mesuré. Nuancez vos propos, car une réaction inadaptée des parents peut perturber un enfant. Prenez le temps de réaliser un travail sur vous-même. Être plus à l’écoute de votre enfant et cerner ce qui vous met mal à l’aise pourra vous aider. Vous éviterez ainsi que votre réponse à ce comportement soit inadéquate et de possibles conséquences sur votre vie de famille.
Posez-vous aussi la question : n’ai-je pas induit, que ce soit de manière consciente ou non, quelque chose dans le comportement de mon enfant ?
Prenons l’exemple d’un père souhaitant désespérément un garçon. Ce souhait peut sans conteste influencer le comportement de sa fille qui s’imaginera alors devoir « devenir » un garçon pour que son papa l’aime plus. C’est votre cas ? Ne vous sentez pas coupable. Projeter une image idéalisée sur son enfant et ce que font tous les parents. La solution ? Travailler sur vous-même et sur votre comportement envers votre chérubin.
Mon enfant est-il bien dans ses baskets ? Voilà l’unique question dont la réponse devrait vous inquiéter. Arrêtez donc de vous préoccuper des jouets avec lesquels votre bambin s’amuse. Multiplier les jeux lui permet de trouver et construire son identité. L’essentiel, c’est qu’il joue. Le jeu reste du domaine de la liberté et pour le bien-être comme pour le développement de votre enfant, jouer doit rester une activité ludique. Le brider ne fera que l’empêcher de faire grandir sa richesse intérieure et de développer de bonnes qualités relationnelles, alors, laissez votre enfant s’amuser librement ! N’oubliez pas que la chose la plus importante est que le jeu est avant tout synonyme de plaisir, d’exploration et de socialisation.
Si vous êtes toujours inquiet malgré ces explications, n’hésitez pas à demander l’aide d’un spécialiste.
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