Phobie scolaire, une petite fille en classe
SOCIÉTÉ

Mon enfant ne veut plus aller à l’école : que faire ?

Depuis quelque temps, ton fils ou ta fille rencontre des difficultés pour se rendre chaque jour dans son établissement scolaire. Tu commences à penser qu’il s’agit peut-être d’un refus scolaire anxieux plus connu sous le nom de phobie scolaire. Comment réagir ? Que faire si mon enfant ne veut plus aller à l’école ? Ne t’inquiète pas, la peur de l’école n’est pas une fatalité. Il existe des solutions pour chaque situation et des alternatives d’apprentissage le temps de résoudre ce trouble.

 

Un article rédigé par Emilie Belafkhi

 

Reconnaître les symptômes du refus scolaire anxieux

La « flemme » d’aller en classe

Qui n’a jamais eu envie de rester à la maison plutôt que prendre le chemin de l’école ? Il faut apprendre à différencier la simple paresse naturelle et répandue chez les enfants, particulièrement les adolescents, du refus scolaire ou de la phobie scolaire.

À l’adolescence, le jeune a besoin d’affirmer sa personnalité, son autonomie et ce n’est pas parce qu’il manque quelques cours pour défier l’autorité et passer un bon moment avec sa bande de copains qu’il faut pour autant s’inquiéter. La situation doit vous alerter du moment que l’absentéisme devient régulier, c’est-à-dire plusieurs fois par mois.

 

Manifestations physiques et changement de comportement

Les signes de détresse psychologique sont en général les premiers à se manifester : une tristesse, une anxiété qui peut se transformer en crises de colère ou de panique à l’approche de l’heure du départ à l’école.

Des symptômes physiques peuvent apparaître comme des céphalées, des sueurs, des palpitations, des vertiges, des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements et même des troubles musculaires. L’enfant qui somatise sa peur peut parfois perdre l’appétit et rencontrer des troubles du sommeil.

 

Refus scolaire et phobie scolaire : deux termes à ne pas confondre

Certains parents nourrissent trop d’attentes quant aux résultats scolaires de leur enfant. Les jeunes peuvent se sentir découragés, car incapables d’atteindre l’objectif qui leur est fixé. Ils rejettent alors l’école, refusant de s’y rendre. Ce n’est pas une peur panique et irrationnelle qui cause leur attitude, mais bien une volonté d’éviter l’institution qui les met en situation d’échec et de conflit avec leurs parents. Même de bons élèves peuvent être confrontés au refus scolaire, lorsque les exigences sont irréalisables et la satisfaction de la famille semble ne pas pouvoir être atteinte.

La phobie scolaire, elle, se définit par une angoisse massive qui envahit l’enfant à la simple idée de rejoindre son établissement scolaire. Cette dernière ne disparaît qu’au moment où l’écolier est persuadé qu’il n’aura pas à y aller. À côté de cela, l’enfant n’oppose pas de résistance pour se rendre aux activités extrascolaires et n’a pas changé de comportement social dans les autres situations de la vie quotidienne.

 

Phobie scolaire, garçon en classe

 

Identifier les causes de la phobie scolaire

L’enfant ne veut plus aller à l’école pour ne pas laisser sa maison

Parfois, le problème ne se situe pas dans le milieu scolaire, mais au sein du foyer. Des conflits entre les parents, un divorce, un déménagement, peuvent impacter les enfants plus que ce qu’ils en laissent paraître. Une mère que le petit croit en danger, à tort ou à raison, une personne fragile au domicile dont on doit s’occuper, que ce soit un parent défaillant, un grand-parent malade ou un petit frère handicapé, sont en mesure d’inquiéter l’enfant au point qu’il ait peur de laisser cette personne pour aller en cours. S’il se sent responsable et indispensable à la sécurité ou au bien-être de ce proche, il est possible que l’angoisse qu’il lui arrive quelque chose quand il est en classe lui cause une phobie scolaire.

Les problèmes de harcèlement scolaire

Malheureusement, les moqueries et les chamailleries peuvent avoir de terribles conséquences selon les enfants qui les subissent. Les cours de récréation sont le lieu d’apprentissages sociaux parfois douloureux : rejet, isolement, brimades allant jusqu’aux coups, racket… Garder un lien avec ton enfant et surtout un dialogue au sujet de l’école est primordial. Il doit se sentir en confiance et savoir sa parole prise en compte avec bienveillance. Les camarades, mais également les enseignants, sont susceptibles d’avoir déclenché le refus scolaire anxieux de ton enfant.

 

Les troubles DYS et l’échec scolaire

Les apprenants atteints de troubles DYS (dyslexie, dyspraxie, dysgraphie, etc.), tout comme les enfants en échec scolaire, sont souvent victimes des railleries de leurs camarades. Ils sont donc encore plus exposés aux atteintes de l’estime de soi, voire à la dépression. Le fait d’éprouver des difficultés à lire, écrire ou compter peut engendrer des humiliations récurrentes allant jusqu’au traumatisme psychologique.

Établir et conserver une communication positive avec l’équipe éducative est très important dans ces cas-là. L’AESH (accompagnant de l’élève en situation de handicap), quand l’enfant en a un, peut se révéler un précieux allié pour éviter ces situations et donner le baromètre du moral de l’apprenant.

 

Phobie scolaire, pot à crayons de couleurs, petit garçon

 

Phobie scolaire : comment réagir ? Les solutions

Consulter un pédopsychiatre

Le premier réflexe quand tu soupçonnes un refus scolaire anxieux est de t’adresser à un professionnel. Celui-ci sera à même de poser un diagnostic. Il recherchera les causes et travaillera avec l’enfant pour comprendre et résoudre le trouble.

Bien souvent, la prise en charge nécessite la présence des membres de la cellule familiale (parents, frères et sœurs) afin de cerner le fonctionnement du foyer, car ce dernier peut être à l’origine de l’anxiété de l’enfant.

Les thérapies cognitives comportementales (TCC) donnent aussi de bons résultats. Elles consistent à enseigner au patient des méthodes de relaxation, de gestion du stress et de respiration pour lui apprendre à maîtriser ses angoisses et ses émotions. En parallèle, les médecins l’exposent progressivement au facteur phobique.

Des thérapies alternatives comme l’hypnose et la sophrologie peuvent également améliorer l’état du patient. Chez certains enfants, le traumatisme remonte à la petite enfance et à une angoisse de la séparation. Le cerveau garde en mémoire ces peurs lointaines, rendant la personne plus vulnérable aux phobies malgré le temps qui passe.

Changer d’établissement ou faire l’école à la maison

Un nouveau départ 

Dans le cas de persécutions vécues dans le milieu scolaire voire de cyberharcèlement, le plus simple est encore de changer ton enfant d’établissement. Il pourra repartir à zéro sur de bonnes bases avec de nouvelles personnes et laisser derrière lui ses souffrances.

Si la phobie s’est étendue à l’école en général, tu n’auras pas d’autre solution que celle de le déscolariser au moins temporairement le temps du suivi psychologique. 

Choisir un » enseignement à distance

Avant de te lancer, sache que l’IEF (instruction en famille) est désormais soumise en France à un régime d’autorisation et non plus à une simple déclaration. 

Des écoles interactives en ligne existent dans lesquelles l’élève fait partie d’une classe virtuelle. Il peut échanger avec le professeur, les autres étudiants et participer derrière son écran comme dans une salle de cours ordinaire. Ce mode d’instruction permet de conserver un rythme puisque les cours ont lieu tous les jours à des horaires déterminés. 

Si tu te sens capable d’assurer toi-même l’instruction de ton enfant ou de la confier à un professeur particulier à domicile, tu peux l’inscrire au CNED (centre national d’enseignement à distance). Les supports sont d’excellente qualité et cela peut très bien fonctionner à condition de faire preuve de régularité dans l’emploi du temps et de ponctualité dans l’envoi des devoirs à corriger.

 

Phobie scolaire, une maman et sa fille travaillent à la maison

Accompagner vers le retour à l’école si possible

La socialisation étant une des principales vertus de la scolarisation, il est préférable si l’état de santé psychologique de ton jeune le permet de le conduire vers un retour en classe classique.

Tu peux garder le lien avec l’enseignant et les camarades afin de préparer au mieux ce retour, en considérant la déscolarisation comme une période transitoire nécessaire à la guérison.

Il faut savoir cependant que certains enfants ne parviennent jamais à reprendre le chemin de l’école ordinaire et que tu devras peut-être faire avec. L’essentiel est que ton fils ou ta fille aille mieux et qu’il ou elle puisse s’épanouir, quelle que soit la forme que prend son instruction.

 

Mon enfant ne veut plus aller à l’école : comment réagir ? Nos dernières recommandations

  • Du moment que tu soupçonnes fortement une phobie scolaire, ne pas forcer l’enfant mais consulter un professionnel (pédopsychiatre ou psychologue) au plus vite
  • Toujours être à son écoute et dans la bienveillance
  • Ne pas brimer ni rabaisser, mais être conscient que l’enfant ne fait pas exprès, que son refus scolaire anxieux le dépasse
  • L’assurer de ton soutien, lui dire que tu vas l’accompagner afin de trouver des solutions ensemble
  • Choisir la meilleure alternative pour sa scolarité : un enseignement en présentiel ou à distance
  • S’investir dans la prise en charge de ton enfant et collaborer avec les médecins et les enseignants pour donner un maximum de chances de réussite au suivi psychologique et pédagogique 
  • Ne pas négliger les thérapies alternatives si elles lui font du bien

Pour aller plus loin, découvre 6 livres éducatifs pour aider son enfant à comprendre et à gérer ses émotions et nos conseils sur comment débuter le yoga pour les enfants.

 

Phobie scolaire, un petit garçon travaille en visio avec sa maîtresse

 

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