2 enfants sont devant des écrans
DÉVELOPPEMENT DE L'ENFANT

La limitation de l’accès des écrans aux enfants est-elle nécessaire ?

Avec l’explosion d’internet, nos comportements ont beaucoup évolué. Notre quotidien s’en est trouvé transformé. Cette révolution numérique touche tous les publics, tous âges confondus. Elle permet notamment de visionner de nombreux films et séries, de discuter sur les réseaux sociaux ou de faire des jeux en ligne. Et, tu l’as forcément constaté, la difficulté réside dans l’addiction qu’elle suscite. Le problème vient du fait que les plus jeunes, très adaptables aux technologies modernes, se révèlent très exposés. Leur accoutumance au tout numérique risque dès lors de bouleverser leur vie quotidienne. Avec des effets négatifs : fatigue, enfermement sur soi, délaissement des apprentissages classiques… Sans omettre que leur développement cognitif apparaîtrait menacé. Alors, faut-il instaurer une limitation de l’accès des écrans aux enfants ? Une réponse positive à cette question nécessite la mise en place de solutions alternatives crédibles. Voici un état des lieux pour toi, concernant un sujet chaque jour un peu plus au cœur des préoccupations parentales.

 

Un article rédigé par Hervé Brizay

 

L’excès d’utilisation des écrans chez les jeunes : quels effets négatifs identifiés ?

Les conclusions des études médicales menées auprès de ceux qui consomment le plus d’objets connectés s’avèrent unanimes. Des troubles cognitifs de plus en plus importants ajouteraient un frein à leur intégration sociale…

 

Une construction cognitive altérée par le trop-plein d’images et de vidéos

Le fait de se connecter longuement à des outils numériques endommagerait tant le cerveau des plus jeunes que leur santé. Quelques explications à ces effets scientifiquement constatés sont nécessaires.

La menace du développement intellectuel des plus jeunes 

Selon le corps médical, une utilisation excessive des outils connectés risque d’avoir des conséquences sur le quotidien des plus jeunes. Il met notamment en garde sur des troubles psychologiques susceptibles de les toucher.

Le développement de leur cerveau et l’apprentissage des compétences fondamentales se trouveraient ralentis par un trop-plein d’images en ligne. Il entraînerait chez eux une forte propension à un retard dans l’expression. Ils rencontreraient en outre des difficultés à maintenir leur attention et à se concentrer.

Dans une étude effectuée en 2019 par Santé publique France en Ille-et-Vilaine, les enfants qui se connectent le matin avant l’école apparaissent impactés. Leur risque de développer des troubles primaires du langage est en effet multiplié par trois. Ce chiffre passe à six pour ceux qui ne discutent jamais ou rarement avec leurs parents de ce qu’ils visionnent. La mise en danger de leur état général en résulterait.

 

L’altération inévitable de la santé des enfants trop connectés 

Des problèmes émotionnels et une perte d’estime de soi touchent aussi de façon sensible ceux qui passent plus de quatre heures par jour devant un ordinateur. L’addiction au numérique se traduit également, dès le plus jeune âge, par de fréquents changements d’humeur et une propension à l’agressivité.

En outre, un tel comportement favorise inconsciemment le grignotage. En bougeant moins, l’enfant a tendance à prendre du poids, conséquence directe du mode de vie qu’il s’impose. Des travaux effectués par l’INSERM vont en ce sens. Ils montrent que ceux qui sont exposés dès 2 ans aux outils numériques atteignent un taux de masse corporelle supérieure à la moyenne à l’âge de 5 ans. En outre, une étude publiée par l’assurance maladie de Paris interpelle : les plus jeunes auraient perdu 25 % de leur capacité cardio-vasculaire ! En cause, le fait que « bouger » n’est plus un réflexe, alors que rester longtemps devant un écran l’est devenu. Il y a plus de dix ans, le professeur François Carré alertait déjà sur cette situation : « En 1971, un enfant courait 800 mètres en 3 minutes, en 2013 pour cette même distance, il lui en faut 4 ! ».

Ces effets négatifs constatés ont également un impact très direct sur leur relation avec les autres. Ils impacteraient en premier lieu la famille ou les proches de leur âge.

 

2 enfants sont leur lit avec un écran dans les mains
Kampus Production – Pexels

 

Un frein à l’épanouissement des enfants trop dépendants des outils numériques

Passer beaucoup de temps sur un ordinateur signifie tout autant un repli sur soi qu’un inévitable désengagement vis-à-vis des autres.

Une tendance au repli sur eux-mêmes des plus jeunes

Un des effets négatifs identifiés du « toujours plus d’internet » consiste à les détourner des activités collectives bénéfiques à leur épanouissement. Celles-ci sont reconnues comme essentielles tant à leur développement affectif qu’à la construction de leur vie sociale. Il peut par exemple s’agir de sport, de sorties entre amis, d’appartenance à un club ou une association. Rester seul derrière un écran les conduit rapidement à un isolement préoccupant. Dans une étude publiée en 2017, la Fondation de France avait révélé que 6 % des 15-30 ans (soit 700 000 jeunes) se trouvaient dans une telle situation.

De plus, au sein même de la famille, ces heures de connexion les privent d’interactions avec leurs aînés jugées nécessaires. Pour autant, faut-il considérer ces derniers comme exempts de tout reproche ? Leur responsabilité s’avère parfois incontestable, du fait de leur accoutumance aux mêmes supports numériques que leurs enfants. Ce mimétisme, parce qu’il légitime les addictions de ces derniers, représente un danger supplémentaire pour eux.

Derrière la banalisation de ce comportement se trouve une autre exclusion : elle concerne le monde extérieur.

 

Le rejet des autres, conséquence directe de leur vie connectée

S’ils restent enfermés dans leur chambre, derrière un ordinateur ou un téléphone, ils se privent aussi d’échanges et de rencontres avec des jeunes de leur âge. Ce repli sur eux-mêmes tend alors à rendre compliquer leur intégration. Il risque dès lors de développer chez eux des comportements asociaux. Une étude canadienne dirigée par Linda Pagani le confirme : dans la cour de récréation, les enfants exposés très tôt à la télévision resteraient à l’écart des autres. Par ailleurs, en classe et dès l’âge de cinq ans, ceux qui la regardent beaucoup auraient tendance à subir davantage de moqueries et d’agressions.

Afin d’éviter les effets toxiques dus à une accoutumance trop importante à ces outils, les plus jeunes doivent être guidés et accompagnés. Les solutions permettant de les en détourner restent ensuite à définir. Nous te donnons des solutions proposées par divers médecins et psychiatres.

 

La limitation de l’accès des écrans aux enfants : périmètre et alternatives

Nous l’avons dit, l’usage prolongé de ces outils peut devenir nocif pour eux. S’il ne s’agit pas de les en priver, un contrôle parental, assorti de limites, paraît incontournable. Toutefois, pour être comprises, elles doivent être accompagnées de propositions et d’activités en mesure de les suppléer.

 

La nécessité de fixer des limites à leur usage quotidien par les plus jeunes

Il n’est pas question d’empêcher la nouvelle génération d’utiliser un téléphone ou un ordinateur. L’attractivité sur elle de tout ce que véhicule internet n’est en effet plus à démontrer. Selon les médecins, il revient aux parents de définir des limites à cette surconsommation numérique. Des lignes rouges doivent être fixées, qu’il s’agisse des lieux ou des moments de la journée où elle risque de s’adonner à son addiction.

La restriction des moments de connexion dans une journée

D’emblée, il est déconseillé de laisser les plus jeunes regarder ce qu’ils veulent dans leur chambre  : leur tentation de visionner des images choquantes ou de passer des heures sur la toile s’en trouverait renforcée. En outre, leur en interdire la consultation à certains moments de la journée s’avère inévitable :

  • le matin, avant d’aller à l’école, parce qu’elle détourne leur attention et les excite inutilement ;
  • pendant les repas, ce qui empêche d’établir une conversation avec eux et de stimuler leur langage ;
  • avant leur coucher, notamment à cause de la lumière bleue des écrans qui inhibe la mélatonine de leur cerveau et retarde ainsi l’arrivée du sommeil (voir notre sélection de 5 albums pour s’endormir).

Une petite fille est sur un ordinateur
Andrea Piacquadio – Pexels

La limitation de la durée quotidienne passée derrière un outil connecté  

Si l’utilisation d’internet recèle beaucoup d’inconvénients pour eux, il ne s’agit pas de les priver de ses avantages (gros potentiel d’accroissement de leurs connaissances, simplification des contacts avec les proches, etc.). Les parents doivent donc leur offrir des alternatives pertinentes en contrepartie de sa restriction.

Serge Tisseron, psychiatre, recommande à ce titre de limiter le temps d’accès quotidien des plus jeunes :

  • de 3 à 5 ans : 1 h 30 ;
  • au-delà de 6 ans : 2 heures.

L’Association française de pédiatrie ambulatoire rappelle quant à elle la capacité d’attention moyenne de ce public, en fonction de son âge :

  • 20 minutes, entre 3 et 6 ans ;
  • 30 minutes, entre 6 et 8 ans ;
  • 45 minutes, entre 8 et 10 ans ;
  • 1 heure, après 10 ans.

 

L’opportunité de proposer aux enfants une alternative à leur usage d’internet

Le rôle des parents va au-delà de la limitation du temps passé derrière un écran sous leur toit. Ils doivent en effet montrer à la jeune génération comment utiliser au mieux les outils de communication du XXIe siècle. Il leur revient donc de la convaincre qu’une vie en dehors de la sphère numérique reste possible.

Guider les plus jeunes dans l’usage des écrans à prioriser

L’enrichissement des plus jeunes au contact des ordinateurs paraît incontestable. Toutefois, le rôle des parents s’avère déterminant pour les aider à en faire un usage raisonnable. Limiter les durées de connexion peut ne pas suffire. Il leur appartient également de leur proscrire l’accès à certains contenus, en actionnant le contrôle parental. Enfin, ils doivent les guider sur les sujets susceptibles de les intéresser. Instaurer à cette occasion des discussions avec eux, après des visionnages communs, se révèle opportun. Cet échange leur permet par exemple d’apprendre à relativiser l’importance du pouvoir qu’ils confèrent à ce qu’ils voient et entendent sur les réseaux sociaux. Cela constitue également une opportunité, en leur manifestant de la confiance, de les aider à en acquérir pour eux-mêmes.

Serge Tisseron, cité ci-dessus, a élaboré la règle du 3-6-9-12 en ce sens :

  • avant 3 ans : jouer, lui parler et arrêter la télévision ;
  • de 3 à 6 ans : limiter les écrans, les partager avec lui et en discuter en famille ;
  • de 6 à 9 ans : rendre des derniers créatifs et lui expliquer comment utiliser internet ;
  • de 10 à 12 ans : lui apprendre à protéger son profil sur la toile et les échanges qu’il y effectue ;
  • après 12 ans : rester disponible pour lui.

Cet accompagnement pour découvrir de nouveaux outils, cependant, ne suffit pas. Les parents proposeront ensuite à l’enfant des alternatives pertinentes à la consultation d’internet.

L’enrichissement des plus jeunes au contact des ordinateurs paraît incontestable. Toutefois, le rôle des parents s’avère déterminant pour les aider à en faire un usage raisonnable. Limiter les durées de connexion ne peut s’avérer suffisant. Il leur appartient également de leur proscrire l’accès à certains contenus, en actionnant le contrôle parental. Enfin, ils doivent les guider sur les sujets susceptibles de les intéresser. Instaurer à cette occasion des discussions avec eux, après des visionnages communs, se révèle opportun. Cet échange leur permet par exemple d’apprendre à relativiser l’importance du pouvoir qu’ils confèrent à ce qu’ils voient et entendent sur les réseaux sociaux. Cela reste également l’occasion, en leur manifestant de la confiance, de les aider à en acquérir pour eux-mêmes.

Serge Tisseron, cité ci-dessus, a élaboré la règle du 3-6-9-12 en ce sens :

  • avant 3 ans : jouer, lui parler et arrêter la télévision ;
  • de 3 à 6 ans : limiter les écrans, les partager avec lui et en discuter en famille ;
  • de 6 à 9 ans : rendre des derniers créatifs et lui expliquer comment utiliser internet ;
  • de 10 à 12 ans : lui apprendre à protéger son profil sur la toile et les échanges qu’il y effectue ;
  • après 12 ans : rester disponible pour lui.

Cet accompagnement pour découvrir de nouveaux outils, cependant, ne suffit pas. Les parents proposeront ensuite à l’enfant des alternatives pertinentes à la consultation d’internet.

 

Apprendre aux enfants à s’occuper en dehors de toute connexion numérique

Si le numérique a pris une très grande place au quotidien, notamment chez les plus jeunes, il faut leur montrer qu’il existe de nombreuses activités en dehors de celui-ci. Ces dernières participent en effet depuis toujours à leur éveil, d’un point de vue social ou cognitif. Il s’agit par exemple du sport (penser à celui que l’on pratique à la maison, tout en s’amusant), de l’apprentissage d’un art, de l’adhésion à un club ou de la lecture. Le rôle des parents et des très proches s’avère ici déterminant. Le temps soustrait aux connexions numériques permet aussi de dégager des moments à partager avec des amis. Il peut également aider à la mise en place de zones sans écrans sous le toit familial. L’objectif de ces initiatives apparaît simple : lui expliquer comment gérer ses périodes de disponibilité et éviter de tomber dans la facilité que constitue l’utilisation d’un ordinateur.

 

 

➡️ Le développement d’internet, avec la multiplication des ordinateurs et téléphones portables, a fortement modifié le comportement quotidien des plus jeunes. Les médecins alertent régulièrement leurs parents sur les effets nocifs de longues connexions. Il est prouvé qu’elles altèrent leurs capacités cognitives ainsi que leur façon d’être, en général. De plus, elles les poussent à se refermer sur eux-mêmes et à fuir le contact avec l’extérieur. Pour autant, il n’est pas question de se passer des apports de cette révolution numérique. Les parents doivent donc appliquer une limitation de l’accès des écrans à leurs enfants. Et, dans le même temps, leur faire découvrir des alternatives à celui-ci. Compte tenu de l’importance croissante du numérique dans leur vie, il s’agit d’une priorité au bénéfice de l’équilibre des enfants.

Et toi ? Quelles actions as-tu mises en place pour limiter l’accès de ton enfant à un ordinateur ou à son téléphone ?

 

 

Sources :

https://www.inserm.fr/actualite/obesite-2-ans-activite-physique-et-sedentarite-sont-determinantes/

https://afpa.org/dossier/ecrans/#:~:text=Le%20psychiatre%20Serge%20Tisseron%20proscrit,6%2D9%2D12%20%C2%BB.

https://sante-pratique-paris.fr/addiction/les-dangers-des-ecrans-pour-les-enfants/

https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=759

https://www.sante-sur-le-net.com/lexposition-abusive-aux-ecrans-est-liee-a-des-troubles-comportementaux-chez-les-enfants/#:~:text=L’exposition%20abusive%20des%20%C3%A9crans,%C3%A9tudes%20faites%20sur%20le%20sujet.

https://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2020/1/2020_1_1.html

https://lebonusagedesecrans.fr/essentiel-a-savoir/consequences-usage-excessif/