Deux petits garçons regardent quelque chose sur une tablette
DÉVELOPPEMENT DE L'ENFANT

L’enfant face aux écrans : tout ce qu’il faut savoir !

Avec le développement du numérique, on trouve des écrans partout ! Il est difficile de passer à côté de cette révolution qui ne cesse de bouleverser nos modes de vie depuis quelques années. L’enfant n’échappe pas, lui non plus, à ce raz-de-marée technologique et réclame lui aussi son temps d’exposition. De l’augmentation du temps d’écran en passant par les dangers d’une surexposition, une fois l’enfant face aux écrans : comment réagir ? Le journal d’une maman poule fait un tour d’horizon sur la question.

 

Un article rédigé par Simon Labre

 

 

De plus en plus d’écrans consommés

 

Il est loin le temps où seule la télévision régnait en maître. Aujourd’hui, l’écran revêt différents supports à la maison : smartphones, tablettes, ordinateurs et consoles de jeux vidéo. Ils sont partout et dans toutes les pièces.

Le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) recense 5,5 écrans par ménage en France en 2017, selon une étude de l’Observatoire de l’équipement audiovisuel des foyers. L’offre en termes de contenu audiovisuel joue également un rôle important dans l’augmentation du temps d’exposition aux écrans. En effet, les chaînes comme les programmes TV se sont diversifiés et tous les écrans sont aujourd’hui connectés.

Internet a vu sa consommation exploser ces dernières années. Une enquête Ipsos intitulée Junior connect’ 2017 a constaté l’évolution du temps passé sur Internet par nos chères têtes blondes depuis 2015 selon leur catégorie d’âge :

  • de 1 à 6 ans : environ 4 h 37 par semaine (55 min en plus) ;
  • de 7 à 12 ans : environ 6 h 10 par semaine (45 min en plus) ;
  • de 13 à 19 ans : environ 15 h 11 par semaine (1 h 45 en plus).

Le fait que l’enfant possède son propre support numérique explique également cette tendance : 24 % des 7-12 ans et 84 % des 13-19 ans possèdent un smartphone en 2017 selon cette même enquête.

L’écran a aussi un rôle de « nounou » et beaucoup de parents l’utilisent pour calmer les colères de leur enfant ou lorsqu’ils se sentent dépassés dans leur vie.

 

Un petit garçon joue sur une tablette

 

 

Les dangers d’une surexposition

 

Même si les données scientifiques en France restent insuffisantes et manquent de recul pour estimer réellement les impacts d’une exposition déraisonné, certaines études étrangères (notamment anglo-saxonnes) mettent en évidence les risques inhérents à un comportement excessif de l’enfant vis-à-vis des écrans par rapport à un comportement modéré et adapté tel :

  • une forme physique moins bonne (problème de prise de poids dû au manque d’activités physiques et à plus de grignotage) ;
  • un retard sur les apprentissages fondamentaux (tels que le langage, la lecture, la sociabilisation et l’adaptation à son environnement) ;
  • une santé mentale plus fragile (des enfants moins heureux avec des problèmes d’anxiété, de mauvaise estime de soi dûs au manque d’interactions sociales) ;
  • une baisse de l’attention et de la concentration ;
  • une perte en autonomie ;
  • une perte d’intérêt pour l’école ;
  • une tendance à baisser les bras plus facilement ;
  • des résultats scolaires en baisse ;
  • des comportements agressifs et impulsifs (l’enfant n’a pas appris à s’autoréguler).

Selon Anne Lise Ducanda, médecin de PMI des 0-4 ans, « trop d’écran favoriserait l’apparition de troubles autistiques qui s’arrêteraient après leur arrêt. » Ce constat serait également fait par des psychologues, pédopsychiatres et orthophonistes.

Pour les enfants utilisant les réseaux sociaux, la tendance à se comparer constamment à des idéaux peut être destructrice et entraîner des conséquences négatives sur la construction de leur identité.

Les écrans impactent également sur la durée et la qualité du sommeil, notamment à cause de l’émission de lumière bleue qu’ils projettent. Cette lumière maintient le cerveau de l’enfant dans un état d’excitation intellectuelle et perturbe ses rythmes biologiques. Il n’est pas sans rappeler que la lumière bleue a des conséquences négatives sur la vision, favorisant la myopie.

Enfin, de plus en plus de problèmes posturaux apparaissent ces dernières années. La posture de l’enfant, tête baissée sur sa tablette, n’est pas naturelle et peut engendrer des complications.

 

Un petit garçon regarde un téléphone portable

 

 

Réagir avec la règle des 3-6-9-12

 

Beaucoup de parents ne savent pas comment réagir face à ce nouveau problème de société. C’est pour cela que des recommandations ont été prises à destination des parents et des enseignants.

L’OMS (Organisation mondiale de la santé), par exemple, reconnaît que la consommation passive d’écrans chez l’enfant se fait au détriment d’activités physiques et d’apprentissages qui lui sont fondamentaux. En choisissant de se positionner sur un facteur essentiel à son développement, le sommeil, l’OMS préconise une heure d’écran maximale quotidienne pour les enfants de 2 à 4 ans et aucune exposition en dessous. Le temps doit également être consacré à des activités récréatives.

Le psychiatre, Serge Tisseron, a mis en place une règle, la règle 3-6-9-12, dont l’objectif est de baliser la consommation d’écrans en fonction de l’âge de l’enfant. En voici un résumé :

  • Avant 3 ans : l’enfant n’a pas besoin d’écrans. Il a besoin d’interactions avec son environnement nécessaires à ses premiers apprentissages et son développement.

 

  • De 3 à 6 ans : l’écran doit être un temps de partage avec le parent et ce temps doit être cadré. 0,5 heure par jour à partir de 3 ans et 1 heure maximum jusqu’à 6 ans. L’écran sera dans une pièce commune et consommé à des heures bien définies. L’enfant apprend ainsi à s’autoréguler.

 

  • De 6 à 9 ans : le temps d’écran est toujours réglementé par l’éducateur, mais l’enfant peut le répartir comme il le souhaite. Il faut commencer à lui parler du droit à l’image, lui expliquer ce qu’est Internet. Ce temps est propice à la création par l’intermédiaire d’outils numériques (jeux, applications, etc.).

 

  • De 9 à 12 ans : l’enfant s’initie à Internet. On l’accompagne dans cette découverte en lui expliquant les dangers éventuels de ce qu’on y publie. On le laisse gérer son temps, toujours réglementé, en gardant un œil sur ce qu’il fait.

 

  • Après 12 ans : on définit un cadre où l’enfant peut se connecter aux écrans (réseaux sociaux, jeux vidéo). Le but est de lui apprendre à en avoir une consommation raisonnée et lui éviter d’éventuels troubles du sommeil. Le téléphone dans la chambre est donc à éviter.

 

 

Comme le souligne Serge Tisseron, « ce n’est pas les écrans qui sont toxiques, c’est leur mauvais usage. » Une utilisation raisonnée peut même être bénéfique au développement du cerveau. Les méfaits se trouvent essentiellement dans une consommation abusive et inadaptée à l’enfant. Cette surexposition aux écrans fait d’ailleurs l’objet d’une étude sérieuse de l’Académie des sciences, de médecine et de technologie, pour prévenir les comportements addictifs. À titre d’exemple, l’OMS a reconnu l’addiction aux jeux vidéo comme maladie en juin 2018.